CHAPITRE XXV - De l'accueil fait aux théories lamarckiennes.
CHAPITRE XXV
DE L'ACCUEIL FAIT AUX THÉORIES LAMARCKIENNES
Il a fallu plus d'un demi-siècle aux conceptions philosophiques de LAMARCK pour
sortir de l'obscurité ; du vivant même de leur auteur, on fit autour d'elles la
conspiration du silence ; la contradiction, cet élément de succès parfois si
indispensable et qui servit tant à la diffusion des théories de CUVIER et
d'ÉTIENNE GEOFFROY SAINT-HILAIRE, leur fit le plus souvent défaut.
« Quelqu'intérêt que ses ouvrages excitassent par leurs parties positives, dit
CUVIER. personne ne crut leur partie systématique assez dangereuse pour mériter
d'être attaquée (1). »
Toutefois, certains philosophes, plus particulièrement des psychologues, eurent
l'intuition de l'importance d'une pareille doctrine, qui menaçait de bouleverser
les croyances traditionnelles ; mais, incapables de comprendre la grandeur de
théories qui dominaient de si haut leur façon de penser, ils ne surent que
l'accabler de sottises aigres ou d'amers sarcasmes.
GALL et SPURZHEIM, dont les théories phrénologiques avaient alors un éphémère
succès, ouvrirent l'attaque (2) ;
(1) Éloge de Lamarck in Éloges Historiques (1861, III, p. 200). Dans le Moniteur
Universel (1809, pp. 1155 et 1178), on trouve une analyse assez sympathique de
la Philosophie Zoologique. « Rien de mieux coordonné, y est-il dit entre autres
choses, de plus simple, de plus sublime que la correspondance établie par M.
LAMARCK entre les organes et les facultés des animaux. » Mais cet article, qui
ressemble plus à un « prière d'insérer » qu'à un véritable compte rendu, fut
sans doute inspiré par LAMARCK lui-même, qui collaborait alors assidûment pour
la météorologie au Moniteur.
(2) F.-J. GALL et G. SPURZHEIM : Des dispositions innées de l'âme et de l'esprit
(Paris, 1811, pp. 97 et suiv.).
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